Kouchner et le traffic d’organes en Ex-Yougoslavie avec Annette Mateu
Trafic d’organes au Kosovo : un rapport accablant
par Jean-Arnault Dérens, 4 janvier 2011
Le Monde diplomatiqueTrafic d’organes au Kosovo : un rapport accablant↑
Le rapport présenté le 16 décembre devant le Conseil de l’Europe par le député suisse Dick Marty sur le trafic d’organes dont auraient été victimes des prisonniers de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) a fait l’effet d’une bombe (1). Pourtant, les allégations contenues dans ce rapport ne sont pas nouvelles : ce trafic est déjà évoqué dans les mémoires publiées en 2008 par l’ancienne Procureure générale du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), Carla Del Ponte (2) et, au Kosovo, l’hypothèse d’un tel trafic est une « rumeur » qui circule depuis longtemps. De même, l’enquête publiée en 2009 par les journalistes Altin Raxhimi, Michael Montgomery et Vladimir Karaj avait confirmé l’existence d’un véritable « archipel » de centres secrets de détention de l’UCK en Albanie (3).
Le rapport de M. Marty apporte cependant nombre d’informations nouvelles, permettant de mieux comprendre les mécanismes de ce trafic. Plusieurs centaines de prisonniers capturés par l’UCK — principalement des Serbes du Kosovo, mais aussi probablement des Roms et des Albanais accusés de « collaboration » — auraient été déportés en Albanie, en 1998 et 1999. Emprisonnés dans plusieurs petits centres de détention — dont la fameuse « maison jaune » du village de Rripë, près de Burrel, visitée par les inspecteurs du TPIY —, certains d’entre eux auraient alimenté un trafic d’organes. Les prisonniers étaient conduits vers une petite clinique située à Fushë Kruja, à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport international de Tirana lorsque des clients se manifestaient pour recevoir des organes. Ils étaient alors abattus d’une balle dans la tête avant que les organes, principalement des reins, soient prélevés. Ce trafic était conduit par le « groupe de la Drenica », un petit noyau de combattants de l’UCK regroupés autour de deux figures clés : M. Hashim Thaçi, actuel Premier ministre du Kosovo, et M. Shaip Muja, alors responsable de la brigade médicale de l’UCK et aujourd’hui conseiller pour la santé de ce même Hashim Thaçi.
Le rapport de M. Marty laisse beaucoup de questions sans réponses, notamment le nombre exact de prisonniers victimes de ce trafic. La justice serbe, pour sa part, parle de 500 personnes déportées en Albanie. On ignore également quels étaient les partenaires étrangers de ce trafic, et surtout quels en étaient les bénéficiaires. Le rapport relève cependant que 60 patients de l’hôpital universitaire de Jérusalem auraient bénéficié d’une transplantation rénale en 2001, un chiffre exceptionnellement élevé.
Il importe de placer le crime supposé à sa juste valeur. Si le trafic est avéré, il s’agit d’un crime contre l’humanité massif, qui se situe, dans l’ordre de l’horreur, au « même niveau » que le massacre génocidaire de Srebrenica. Autre point essentiel, ce trafic se serait poursuivi au moins jusqu’en 2001, c’est-à-dire deux ans après l’entrée des troupes de l’OTAN au Kosovo et l’instauration du protectorat des Nations Unies sur le territoire. Le rapport note d’ailleurs qu’à partir de juin 1999, la frontière entre l’Albanie et le Kosovo n’était soumise à aucun contrôle réel.
Le rapport a suscité un tollé de protestations et de démentis. Certains ont voulu disqualifier le rapport de M. Marty, en jetant le doute sur son auteur, présenté comme un « adversaire de l’indépendance du Kosovo », voire comme un « ennemi du peuple albanais ». Le Premier ministre d’Albanie, M. Sali Berisha, l’a ouvertement qualifié de « raciste ». À l’appui de ces assertions, est souvent citée une interview accordée par M. Marty en mars 2008 au site du Réseau Voltaire, dans laquelle celui-ci critique, du point de vue de la légalité internationale, la proclamation d’indépendance du Kosovo (4). Cette prise de position ne traduit nullement une « aversion » à l’égard du peuple albanais ni du Kosovo, et le rapport de M. Marty ne serait ni plus ni moins étayé si son auteur avait approuvé, de ce même point de vue juridique, la proclamation d’indépendance. Notons enfin que la presse d’Albanie reproche explicitement à M. Marty son « anti-américanisme », puisque celui-ci a déjà révélé en 2006 le scandale des prisons secrètes de la CIA en Europe. Certaines déclarations officielles de Tirana, ces derniers jours, associent « l’anti-américanisme » supposé du rapporteur et son préjugé « anti-albanais ».(...)
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