RWANDA : “LA FRANCE N’A PAS VOULU EMPÊCHER LE GÉNOCIDE“

Soutenez Blast, nouveau média indépendant : Au moins 800 000 morts, en 100 jours, entre avril et juillet 1994. Le génocide des Tutsi au Rwanda a été perpétré au coeur des villages, jusqu’à l’intérieur des maisons. Les milices civiles Hutu, appelées « interahamwe », tuent de manière systématique (le plus souvent à la machette ou à coups de bâton), encadrées par le puissant appareil étatique rwandais dirigé par des extrémistes Hutu. La RTLM (Radio télévision des mille collines), chapeautée par des intellectuels locaux, diffuse les positions des Tutsi à exterminer, dénonce leurs prénoms, encourage aux meurtres. Un déchaînement inouïe de violence inscrit dans l’histoire longue de « l’ensemble culturel bi-casté » de cette partie du globe, comme l’explique notre invité, l’historien Gérard Prunier. La France, présente au Rwanda, a reçu des alertes sur les risques de génocide. Dès 1990. Et avait les capacités de l’empêcher. Pourtant, en haut de la hiérarchie, en premier lieu le président Mitterrand, pas de réaction. Pire, les autorités françaises s’allient avec le gouvernement Hutu du président Habyarimana, et persiste à fournir armes et équipements militaires alors même que le génocide a déjà commencé. Le pouvoir mitterrandien a choisi de soutenir un pouvoir francophone face aux menaces du Front patriotique rwandais (FPR) crée par des réfugiés Tutsi en Ouganda, eux plutôt anglophones. Une logique très « Françafrique », menée sans aucune prise en compte des événements tragiques qui se profilaient. Notre invité a lui-même essayé d’alerter les dirigeants socialistes de l’époque, en vain. Aujourd’hui, le surnommé « pays des mille collines » est dirigé d’une main de fer par Paul Kagame, Tutsi, co-fondateur du FPR. Le président rwandais camoufle ses nombreux assassinats d’opposants par des réformes économiques robustes et efficaces qui accélèrent le « développement » du pays. La communauté internationale lui reste globalement fidèle. Si le Rwanda mène une guerre à l’Est de la République démocratique du Congo voisine, déclenchée par des représailles post-génocide, Paul Kagame déploie aussi des troupes au Mozambique pour lutter contre les djihadistes et défendre les intérêts économiques occidentaux. Emmanuel Macron s’est rendu à Kigali, en 2021, pour reconnaître la responsabilité de la France au moment du génocide. Une parole critiquée par notre invité, qui considère que le président français s’inscrit dans une surenchère mémorielle en commémorant une série d’événements dont, globalement, il ne fait que peu de cas. La commission d’historiens mise en place pour étudier l’implication française dans le génocide des Tutsi n’a, pour Gérard Prunier, fait que produire des « vérités adoucies », quand bien même le rapport final a eu le courage de reconnaître les « responsabilités accablantes » du gouvernement Mitterrand. Journaliste : Maxime Cochelin Montage : Mélanie Ciais Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Morgane Sabouret, Diane Lataste Production : Hicham Tragha Directeur des programmes : Mathias Enthoven Rédaction en chef : Soumaya Benaïssa Directeur de la publication : Denis Robert Le site : Facebook : Twitter : Instagram : Mastodon : @blast_info Peertube : Twitch : #Génocide #Rwanda #Macron
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