Ô combien est heureuse (A. Le Roy) - Marc Mauillon
Ô combien est heureuse / La peine de cacher
Une flamme amoureuse / Qui deux coeurs fait brûler,
Quand chacun d’eux s’attend / D’être bientôt content.
Las on veut que je taise / Mon apparent désir,
En feignant qu’il me plaise / Nouvel amy choisir :
Mais telle fiction / Veut même affection.
Votre amour froide et lente / Vous rend ainsi discret :
La mienne violente / N’entend pas ce secret :
Amour nulle saison / N’est amie de raison.
Si mon feu sans fumée / Est cuidant et chaud
Etant de vous aimée / Du reste ne m’en chaut :
Soit mon mal vu de tous / Et seul senti de tous.
Si femme en ma présence / Autre vous entretient,
Amour veut que je pense / Que cela m’appartient :
Car luy et longue foi / Vous doivent tout à moi.
Que me sert que je sois / Avec Princes, ou Rois,
Et qu’ailleurs je vous voie / Sans approcher de moi ?
La peur du changement / Me cause grand tourment.
Quand par bonne fortune / Serez mien à