Marie-France Garaud définit le gaullisme (et flingue le RPR) en 1981

#mariefrancegaraud #pompidou #jacqueschirac #VGE #chamban #francoisegiroud #degaulle #francoismitterrand #nicolassarkozy #segoleneroyal #jacquelinechabridon #olivierfaye En décembre 1973, Newsweek écrivit de Marie-France Garaud qu’elle était “la femme la plus puissante de France.“ Conseillère avec Pierre Juillet du Président Pompidou (1969-1974), elle assassinera tour à tour Jacques Chaban-Delmas - gaulliste trop mou à son goût -, le Président centriste Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) puis son Premier ministre Raymond Barre (1977-1981). Ayant en haine droite libérale post-68 et centrisme européiste et laxiste, elle jettera son dévolu sur Jacques Chirac, son “petit poussin“ pour mener à bien son sacerdoce : “rétablir la France éternelle de De Gaulle“. Et ce en 4 coups : 1. Jacques Chirac, éliminant les vieux barons du gaullisme dont Alexandre Sanguinetti, leur chef, soutiendrait le centriste Valéry Giscard d’Estaing en échange de sa nomination comme Premier ministre en 1974. 2. Depuis Matignon, où elle le conseillerait, Chirac torpillerait l’action du Président et démissionnerait par suprise et avec fracas médiatique pour mieux diviser la majorité de droite : le 25 août 1976. 3. Dans la foulée, il refonderait le mouvement gaulliste en créant le RPR, le 5 décembre suivant. C’est elle qui rédigera le discours lyrique et offensif de la nouvelle force politique. 4. En janvier 1977, Marie-France Garaud demandera à Jacques Chirac à conquérir la mairie de Paris contre le fidèle de VGE, Michel d’Ornano, ce qui sera exécuté le 20 mars. Le Président VGE en sortira humilié et affaibli. Les gaullistes pourraient conquérir à nouveau l’Élysée. Ce “personnage terrifiant, terrifiant“, une belle “femme beaucoup plus intelligente que les hommes qu’elle a sciés“ et conseillés, estimait Françoise Giroud, allait utiliser tous les moyens jusqu’aux plus machiavéliques pour y parvenir. Droit, séduction, traits d’esprit, menaces, chantage, mensonges, argent, corruption, intelligence, presse, relations et culture... Ainsi paiera-t-elle à hauteur de 500 000 francs le grand amour extra-conjugal de Chirac, Jacqueline Chabridon pour qu’elle s’efface, la poussant à une tentative de suicide. Mais en lui imposant “l’Appel de Cochin“ en décembre1978, violemment antieuropéen, la juriste perdra sa confiance et se verra congédiée par ce dernier et son épouse Bernadette Chirac. Elle fondera et présidera dès lors l’Institut international de géopolitique et se présentera contre Jacques Chirac comme “candidate gaulliste“ aux Présidentielles de 1981 sans succès. Députée européenne de 1999 à 2004, elle luttera farouchement contre la construction européenne de Maastricht. Marie-France Garaud se répandra en mots cruels sur Jacques Chirac dont elle dira lasse : “je fus sa nurse à Matignon“. Ou encore qu’il est “un petit génie pour de grandes idées“, paraphrasant le cardinal de Retz (1613-1679). “Je pensais que Chirac était du marbre dont on fait les statues ; il était de la faïence dont on fait les bidets.“, et “Jacques Chirac est un beau cheval, nous lui avons appris à courir et à sauter les haies. Le problème, c’est que sur le plat, il continue à sauter.“ ; sont deux de ses plus célèbres piques à l’encontre du futur Président Chirac (1995-2007). Racontant Mai-68 vu du pouvoir et de l’Hôtel Matignon, Marie-France Garaud évoquant “une révolution en peau de lapin“ dira, avec cet humour qui fait son charme : “La grande question d’alors était : aurions-nous assez d’orangeade pour tous ces jeunes gens...“. Analyste fine des actualités politiques et des grandes questions géopolitiques, elle participera à moults émissions et débats télévisés, écrivant plusieurs ouvrages militants. François Mitterrand ? “Satan. Le plus beau des anges. Mais déchu“. Ségolène Royal ? “Elle est patriote et trop intelligente. Le parti socialiste la tuera“. “A-t-elle voté Nicolas Sarkozy en 2007?“. Elle déclarera “avoir raté le train“ pour expliquer son rejet d’un homme de droite libéral et pro-américain, indigne de la “fonction sacrificielle suprême“. L’Europe ? “Le saint-Empire romain germanique reconstitué“. La femme de pouvoir, pionnière, modèle ou repoussoir, soutiendra publiquement Marine Le Pen à la Présidentielle de 2017 faute de réel candidat “souverainiste“... Retirée et malade, l’on constatera qu’elle aura permis à Jacques Chirac de se hisser à la Présidence de la République et que ses intuitions géopolitiques sur l’impuissance européenne face à l’émergence de l’Asie comme la crise des partis politiques traditionnels furent avant-gardistes. Son impeccable chignon noir corbeau, son humour à faire rire le journaliste ou le philosophe le plus sombre, son ton taquin, chantant et parfois d’une implacable autorité, ses tailleurs stricts restent dans les annales... Elle a inspiré le personnage d’un roman de politique-fiction et son rôle a été interprété dans deux téléfilms historiques. Sa biographie a paru le 4 mars 2021.
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